Le Haïku : l’art de la poésie au Japon

Le Haïku est un poème court de trois lignes qui utilise le langage sensoriel pour exprimer une image fugace ou une émotion.
Il s’inspire essentiellement de la Nature, de la beauté du quotidien, de la conscience du temps qui passe ou d’une expérience poignante. Cette forme de poésie dans son esprit actuel est attribuée au poète japonais Bashô Matsuo et date du début de l’époque d’Edo (XVII°siècle).
L’écriture d’un Haïku est considéré comme une discipline mentale au même titre que les arts martiaux. Leur règle de composition doit être parfaitement respectée. La première ligne ou vers, comporte cinq syllabes, la seconde sept et la troisième cinq.
Soit dix sept syllabes à un ou deux temps. La musicalité d’un Haïku ne contient pas obligatoirement de rimes.
L’un des plus célèbres de Bashô évoque l’évanescence de la Nature et l’art de saisir l’instant présent

fu ri i ke ya
ka wa zu to bi ko mu
mi zu no o to

Paix d’un vieil étang
une grenouille qui plonge
le bruit de l’eau ( ou l’eau se brise )

Les Haïkus qui accompagnent les tableaux présentés ici ont été écrits en 2019 et 2020 dans la vallée de la Roya.
Ils sont l’expression de sensations parfois contradictoires liées autant à des évènements personnels qu’à des réactions et des prises de positions face aux abus et aux bouleversements qui se répandent sur le monde.
Ils sont des indices qui pourront, ou non, vous éclairer dans la compréhension de l’histoire de chaque œuvre.

Nostalgie d’un bleu
pour essayer de faire mieux
il chuchote un voeu

Augure

Confiante et tranquille
entre les eaux immobiles
d’une quête inutile

Lost

Arpenteur de songes
épuisé d’un long mensonge
quel secret te ronge ?

Exil

Récit d’un voyage
des alizés, des mirages
et quelques naufrages

Ilyïa

Arrivée d’un ange
pluie légère au goût d’orange
pourtant rien ne change

Peut-être

Enfant oublié
tes ailes dorées touchent le ciel
je t’entends rêver

Jusqu’où voyagent

Chutes vertigineuses
éternels commencements
nos âmes audacieuses

Etreinte

Un matin pluvieux
infini délicatesse
regard embué

Défaillance

Quand tout devient blanc
seul dans les sables émouvants
brouillard aveuglant

Grimweld

Consciences éphémères
mille papillons aveuglés
aux pouvoirs amers

De l’Imminent

Arbre de grand vent
imaginaire en ruban
tout est transparent

Escape

Chant de l’Entredeux
aux destins vertigineux
et nous au milieu

Involvere

Dans les angles morts
se cachent des sons déformés
et des causes perdues

Dés enchantés

Une source alanguie
de hautes herbes assoupies
rêveur de midi

Murmures

Il m’arrive parfois
de m’égarer dans les bois
sans savoir pourquoi

Elpis

A fleur de raison
se prélassent nos émotions,
nos derniers frissons

Là, en notre absence

Fantômes et chimères
toutes ces miettes dans l’univers
mémoires passagères

Amnésie

Ne presque rien dire
et ne presque rien savoir.
Pire, ne rien vouloir

Yaran

Pays de nulle part
bien à l’abri des hasards
douceur d’un regard

Contretemps

Ironie du sort
nos passagers clandestins
se perdent en chemin

Tumulte

Lutins vermoulus
au creux d’un bois farfelu
sans dessous dessus

D’or et déjà 1

Fines ombres violettes
par petites touches effilées
toutes éclaboussées

D’or et déjà 2

Ode d’un jardin
hors des dangers sans chemin
soleil plein les mains

D’or et déjà 3

De l’air et de l’eau
par delà les horizons
la danse d’un roseau

D’or et déjà 4

A peine un sentier
quelques murmures étouffés
dans la canopée

D’or et déjà 5

Une jaune et une bleue
blotties dans l’immensité
mais qui s’en soucie ?

D’or et déjà 6

Je vole à l’envers
sous l’effet de vents contraires
futile et légère

Indecence

Gestes délicats
s’il suffisait d’être là
fourmis dans la voix

Liita

Guetteur impatient
ne sait plus au fil des ans
pourquoi il attend

L’Oiseau

Paysage bleuté
doux serment d’éternité
l’instant réveillé

Ailleurs

Rêves à l’agonie
traces effacées par les pluies
pieds nus sans un bruit

De l’Isle à l’Amertume

Si par trop d’errances
dans les ronces et la patience
chaque jour est une chance

Si la beauté s’enfuit sitôt qu’on s’exaspère

Vieil arbre attendri
as tu déjà tout compris
en quittant la vie ?

Il règne ce silence

Rien à regretter
vérités hors de portée
à perpétuité

Elixir Near Death Exp.

Ni grave ni aigu
se mêler à l’inconnu
qu’elle qu’en soit l’issue

Nos endormis

Espoir d’un ailleurs
autant d’amour et de peur
quand tant de splendeurs

Je suis le jeu des trompeurs

Tomber dans l’oubli
au fond d’un fait accompli
instinct de survie

Mana

Elfes minuscules
sous la rosée d’une lune
frêles et incrédules

Erème

Se donner du temps
douces promesses en héritage
aux soleils couchants

L’Estime des jours

Dans les plis du temps
dorment des rêves encombrants
et des vies d’avant

Libertines

Vivre de travers
parmi des mots entrouverts
qui tombent en poussière

Beatha Uisge

Des brumes de chaleur
se languissent à contre cœur
l’arbre rouge en pleurs

Repentir d’aquarelliste