Dossier réalisé sous la forme d’un interview à l’usage de la presse et des visiteurs pour la galerie Agora à New York lors de l’exposition « A Moment in Time » en Mai et juin 2016
Agora : En 100 mots environ, résume tes tendances artistiques et techniques.
Sylvie : Parce que rien ne me plait autant qu’un fragment de vie éphémère, j’explore la fragilité et l’intensité de la matière végétale dans des collages essentiellement composés de feuilles, d’écorces, de fleurs et de pigments.
Mon travail s’inscrit dans la patience et la durée, chaque tableau ayant sa propre histoire dans un lieu ou un voyage.
Tous les éléments trouvés sur un continent peuvent se mêler à d’autres ramassées à des milliers de kilomètres.
C’est l’idée de faire voyager des petits bouts de Nature.
Mes tableaux sont des jardins, perdus ou imaginaires, des espaces apaisés dans lesquels l’esprit peut se poser un instant.
Tentative d’approche de notre humanité dans l’écho d’une énergie bienveillante, ébauche d’une promesse généreuse dans notre rapport au monde.
Agora : Quel est ton lieu de résidence et de travail ?
Sylvie : J’habite en Guyane française depuis 1993.
Mais l’insécurité qui s’est développée sur le fleuve où je vivais, liée à la recrudescence de l’orpaillage clandestin et à l’arrivée de nombreux trafiquants à crée une situation tellement dangereuse que je suis actuellement de passage en métropole.
Agora : Quelles études as tu faites ?
Sylvie : J’ai étudié l’Histoire de l’Art au lycée en Bretagne, puis intégré une école de formation à Nantes pour devenir tisserande.
Cela m’a permis de créer de nombreux tissus originaux sur des métiers à tisser traditionnels « basse lisse » pour l’habillement, l’ameublement et la décoration.
J’ai continué mes études aux Beaux-Arts de Marseille en section « sculpture textile » et travaillé sur plusieurs projets qui ont donnés lieu à des expositions à Marseille.
J’ai enseigné le tissage et la tapisserie « haute lisse » pendant une douzaine d’années, ainsi que les techniques liées au filage et aux teintures végétales de la laine, à partir des plantes tinctoriales collectées dans les montagnes du Mercantour.
Agora : Si tu as d’autres activités en dehors de ta carrière artistiques, quelles sont elles ?
Sylvie : Je suis photographe, spécialisée en macrophotographie végétale.
Un portfolio a été publié dans le magazine « Nat’Images » du mois d’août 2015, visible sur mon site internet, ainsi qu’une cinquantaine de photos récentes. D’autres projets sont en cours pour les prochaines années.
Agora : Quels sont les autres domaines qui t’intéressent ?
Sylvie : Une attirance très profonde pour la forêt et les espaces sauvages. Le goût de l’aventure et de l’inconnu.
Les voyages non organisés, de préférence improvisés, la plupart du temps seule.
L’imprévu, les rencontres inopinées, la contemplation active en tant que source d’inspiration et de compréhension du monde.
L’émerveillement du règne végétal, de ses formes, couleurs, volumes et textures, l’insatiable curiosité de découvrir de nouvelles feuilles et d’explorer leurs mystères. L’empathie face à nos combats personnels et nos ambivalences dans un monde de plus en plus complexe et inégal.
Agora : Quelles expériences personnelles influencent ton travail . . . ?
Sylvie : En 1996, j’ai eu la chance de réaliser un rêve d’enfance qui semblait inaccessible, vivre en pleine foret amazonienne, souvent seule, loin de tous villages et commodités, sans eau courante ni électricité, dans un carbet (habitation traditionnelle sud américaine ouverte sur 360°) uniquement accessible en pirogue par le fleuve Mana, situé à l’ouest de la Guyane.
Les années suivantes ont été déterminantes, autant dans mon parcours artistique que dans mon évolution personnelle.
J’étais idéaliste, c’était un projet décidé en toute connaissance de cause, même si ses conséquences ont parfois été difficiles à assumer. Il y a eu des moments de douceur, de grands bonheurs, un rapport privilégié à la Nature et une profonde détermination à ne pas me laisser atteindre par les influences négatives. Enfin, tant que ce serait possible !
J’ai bénéficié un peu des savoirs ancestraux des populations amérindiennes, appris l’usage de certaines plantes dans le respect de leurs modes de vie. J’ai participé à des missions botaniques et scientifiques passionnantes, restauré un jardin envahi par la végétation pour constaté qu’après des années d’efforts, ce coin de paradis dans lequel j’avais encré mes racines avait été détruit par les orpailleurs clandestins et transformé en décharge. J’ai admiré sans jamais me lasser la vie débordante de la faune et de la flore tropicale, l’inventivité de la Nature Sauvage pour contourner les obstacles, saisi la beauté et la force qui émane de ce qui a été déchiré, abîmé, altéré par le chaos, le temps et les intempéries, métaphores de nos parcours de vie, de nos souffrances et de notre capacité à la résilience.
Cet environnement isolé, parfois hostile, tant par ces dangers naturels que par la présence humaine (orpailleurs, trafiquants, clandestins etc) a nécessité une adaptation particulière, riche en apprentissages, remises en cause et prises de conscience.
J’ai été confronté à des situations extrêmes, agressions, prises d’otage avec arme à feu, peurs imminentes. J’ai agis et réagis avec l’instinct d’un animal traqué qui fuit pour échapper à la mort.
J’ai été mordue par un des serpents les plus venimeux d’Amérique du sud, le Grage Fer de Lance (bothrops atrox) et sauvée par les rituels mystico-religieux d’un Chaman Bushinengue.
Cela m’a permis d’aborder les rivages de l’irrationnel, deviné l’existence d’une autre dimension qui vit en chacun de nous et induit toute chose.
J’ai aussi pleuré devant la destruction, la pollution et le pillage de forêts intactes menés par des hommes exténués dont la survie ne tenait qu’à un fil, absorbé la solitude et les perceptions infimes qui s’opèrent au fil du temps, assisté à la naissance d’un sixième sens, à l’alchimie subtile qui dilue et recycle la violence pour la restituer en humilité et en poésie.
C’est la puissance de ces émotions que je tente d’exprimer dans mes tableaux.
Agora : Et quelles influences culturelles ou historiques ?
Sylvie : La maltraitance faite aux femmes et aux enfants. La misère et la pauvreté. L’exploitation humaine dans tous les domaines. Les catastrophes écologiques liés à l’industrialisation. La déforestation. L’oppression des minorités. L’injustice et la corruption.
De passage en France, j’ai depuis peu un accès facile à l’information nationale et internationale.
Après tant d’années sans communication à distance, sans accès aux médias, c’est une situation nouvelle, déstabilisante et souvent traumatisante.
Pas un jour ne passe sans éprouver des sentiments d’impuissance, de dégoût ou de colère face à l’actualité.
Je n’hésiterais pas à me lever, me mettre en marche avec quelques millions d’autres et soulever des montagnes si cela pouvait changer l’état du monde.
Mais certains rêves ne sont que des illusions que nous trimbalons de décennies en décennies sans l’ombre d’un espoir.
Depuis l’enfance et quelques soient les pays dans lesquels j’ai voyagé, j’ai vu des hommes assouvir leur désir de puissance en usant et abusant de menaces, de trahisons, de mensonges et de manipulations.
J’ai construit ma personnalité en opposition à ce que représente à mes yeux le pire aspect de la nature humaine. Je parle de la capacité à détruire, piller ou saccager à des fins personnel, à tuer, humilier ou torturer pour justifier une pulsion ou une idée.
J’ai compris très jeune qu’aucune liberté ne pouvait se gagner sur les cendres des souffrances que l’on infligeait à autrui.
J’ai souhaité parcourir le monde comme on s’engage dans un voyage initiatique. Que faire de nos déceptions, de nos échecs ?
Comment concilier nos contradictions, nos faiblesses et nos imperfections avec la vision idéalisée de nous mêmes dans un monde si peu équitable?
Quel est l’utilité d’un tableau, aussi expressif soit il, au regard de la misère, de la guerre et du dénuement ?
La réponse me paraît parfois si ténue, si fragile ! Ne vaudrait il pas mieux essayer de sauver une seule personne, nous les nantis, nous qui appartenons à cette toute petite minorité de privilégiés malgré nos malaises et nos afflictions ?
Je me suis longtemps interrogé sur les ressources que je pouvais mettre en œuvre pour répondre à la violence dont j’avais été témoin.
La représenter sous quelque forme que ce soit, la matérialiser dans une expression picturale élaborée n’était pas à mon sens une finalité suffisante.
J’aime traduire l’idée d’un cheminement, depuis le chaos dévastateur et l’émotion pure vers la promesse d’un message réparateur et pacifique. C’est l’acte de résister, de s’élever.
Agora : As tu déjà travaillé avec des organisations connues ?
Sylvie : J’ai travaillé une quinzaine d’année en Guyane avec plusieurs associations très engagées en matière de protection de l’environnement :
Avec Jacques Fretey, spécialiste mondial des tortues marines et chargé de mission auprès de WWF (World Wildlife Found) sur les campagnes Kawana et Kwata d’étude et de protection des tortues Luth, intégrées aux programmes du Ministère de l’Environnement.
En coordination avec WWF Trafic International, l’ONF (Office National des Forêts), L’ONC (Office National de la Chasse) sur la création d’une banque de données relative au trafic des Psittacidés en Guyane protégés par la Convention de Washington (Anodorhynchus glaucus et Ara macao en Annexe I Ara ararauna, Ara chloroptère, Ara macavouane en Annee II) etc.
Avec la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) qui considère le respect de la vie sauvage comme essentiel au développement des sociétés humaines.
Ses programmes contribuent à un développement durable des ressources et des richesses naturelles. Ils agissent pour la sauvegarde de la faune et la flore qui y sont associées.
En 1998, je crée l’association MAALAN (Mouvement d’Accompagnement à l’Art et La Nature) qui a pour objectif l’aménagement et la mise en valeur d’un jardin botanique sur le fleuve Mana en Guyane ainsi que la mise en place de résidences d’artistes et de programmes d’éducation à l’environnement destinés aux scolaires.
De nombreux partenaires nationaux et régionaux ont contribué à la valorisation de ce projet :
La Fondation de France
L’Unesco
Le Muséum d’Histoire Naturel de Paris
L’école National Supérieur des Paysages de Versailles
La DIREN (Direction Régionale de l’Environnement)
La DRAC (Direction Régionale de la Culture)
L’IRD (Institut de Recherche pour le Développement)
L’Education Nationale
L’ONF (Office National des Forêts)
Le Ministère de l’Outre-Mer
Le Conseil Régional
Le Conseil Départemental
Je me tiens à votre disposition si vous souhaitez davantage d’information à propos de la réalisation de ce projet.
Pour des raisons relatives à l’orpaillage clandestin en Guyane et au vue des conditions d’insécurité qui se sont aggravées, ce projet est actuellement en sommeil.
Depuis 2009, je suis membre MAG (Mines Advisory Group) et AVAAZ.org.
Agora : Quels obstacles as tu rencontrés au cours de ta vie ?
Sylvie : Des obstacles ? Oh oui, j’ai de la chance, il y en a eu beaucoup !
A une époque, je les ai même provoqués inconsciemment. C’était sans doute le seul moyen de défricher des espaces jusqu’alors inaccessibles de ma personnalité.
Certains m’ont rendu malheureuse ou m’ont fait perdre confiance en moi, d’autres ont renforcé mes choix et permis de cultiver des qualités que je suis heureuse de posséder aujourd’hui.
Enfant, j’ai souvent été exposée au danger, la notion même de sécurité n’existait pas dans mon esprit.
J’étais une petite fille timide qui saisissait la violence des évènements sans pouvoir les identifier. Mais l’imaginaire dans lequel je m’évadais nourrissait ma curiosité et le désir d’inventer une vie à la hauteur de mes rêves.
Très vite, je me suis enfuie et saisi les occasions de voyager à l’étranger.
L’aventure m’attirait, j’étais naïve et optimiste, persuadée qu’en dehors de mon milieu familial, le monde était un cadeau dont j’allais découvrir les beautés !
La confrontation avec le réel a bien sûr été semé d’embûches.
Quel gaspillage! Les beautés du monde étaient là, offertes à qui voulait se donner la peine de les approcher.
Mais le chemin pour les atteindre et s’imprégner de leur résonance fut mouvementé.
Comme un trésor bien caché au fond de nous même, envahi de ronces et de pièges, les actes accomplies se dissolvent dans la mémoire des hommes, les œuvres qui en témoignent retracent le passage de leurs empreintes furtives.
Agora : Quelle a été ton expérience la plus gratifiante ?
Sylvie : J’aurais pu évoquer ma fierté lorsqu’à la fin du » Salon des Peintres et Sculpteurs d’Outre Mer » en 2001 j’ai reçu une invitation pour présenter des œuvres à l’Exposition Universelle de 2005 à Aichi au Japon. De retour en Guyane, l’élan et la motivation de ce nouveau projet à marquer un changement dans ma recherche picturale. Mes tableaux sont devenus plus minimalistes, plus sobres dans leurs conceptions, plus techniques aussi dans leurs réalisations, utilisant presque exclusivement la matière végétale tropicale et les pigments naturels.
Malheureusement, suite à un accident de voiture, j’ai été évacuée en Martinique puis en Métropole pour une longue période de rééducation.
Et les tableaux réalisés en prévision de mon départ au Japon ont tous été détruits, acte de malveillance ordinaire caractéristique de la présence humaine en Amazonie.
La haute montagne, les forêts primaires, les océans sont des environnements formidablement épanouissants. Je ne dissocie pas mon rapport à la Nature de mon travail artistique, ces deux aspects, l’acte et la pensée participant de la même énergie.
L’expérience la plus enrichissante, la plus heureuse et la plus lumineuse de ma vie a été la traversée de l’Atlantique sur un petit voilier avec mes deux fils âgés de 6 et 7 ans. Nous sommes partis après mes années d’études aux Beaux Arts de Marseille.
Chaque geste que j’accomplissais était vécu comme un acte de création, intense et éphémère, indispensable à notre harmonie et notre survie. La mer était la toile sur laquelle je dessinais notre histoire. Les mouvements amples des manœuvres sur le pont, les repas préparés dans le creux des vagues, les chants murmurés dans le mystère des nuits phosphorescentes, les cris de joie lorsque nous naviguions au milieu des dauphins. Il y avait les couleurs de nos émotions, la clarté des étoiles, le lavis des embruns, la fluidité du vent dans les voiles, la transparence de l’air et l’encre des tempêtes. Jamais tableau ne fût aussi vivant !
Agora : A ton avis, qu’est ce qui te différencie des autres artistes ?
Sylvie : L’éloge de la lenteur ! Aucun collage ne pourrait résister à l’épreuve du temps si je ne respectais pas la particularité de chaque feuille et les étapes nécessaires à leur préparation.
Certains tableaux ont nécessité 1 an de travail, la plupart sont réalisés en 3 ou 4 mois, sans compter les phases de ramassage et de séchage.
Les feuilles sont marouflées une par une puis mises sous presse. A part quelques exceptions, le rythme de la progression est de une feuille par jour et par tableau.
En Amazonie, la hauteur des arbres ne permet pas d’atteindre les feuillages, ce qui ne me gêne pas dans la mesure où les feuilles intactes ne possèdent pas les qualités que je recherche.
Je ne les cueille donc pratiquement jamais sur les branches mais les ramassent dans les couches d’humus, sur les berges des criques, aux abords des plages et aux hasards de mes voyages.
Leurs formes, leurs textures, leurs délicatesses me fascinent. Plus encore, ce qu’elles deviennent après avoir été piétinées, déchirées, tourmentées par les intempéries, mangées par les insectes ou les vers et précipitées dans une lente décomposition me bouleversent.
Impossible de les positionner sur le support si elles ne le veulent pas, toutes ont leur caractère et leur sensibilité que je prends plaisir à découvrir.
Le plus grand nombre se laissent apprivoiser mais quelques unes sont rétives. Je n’oublierai jamais ces toutes petites feuilles très piquantes qui essayaient de me blesser les mains. Au fur et à mesure que je les caressais avec le pouce, je les sentais se détendre et s’adoucir jusqu’à perdre complètement leur agressivité.
A contrario, j’essaye depuis des années de travailler avec une variété européenne, le platane (Platanus), dont les feuilles au premier abord sont souriantes et sympathiques.
Toutes mes tentatives ont été des échecs et ces rebelles ne m’ont pas encore révélé leurs secrets.
Certaines feuilles sont parfois si fines ou dans un tel état de vieillesse qu’il n’est pas envisageable de les manipuler à mains nues. Mes tableaux deviennent alors aquatiques et c’est dans l’eau que je les positionne.
Mes colles sont non toxiques et non polluantes, elles n’assèchent pas la matière qui finirait pas se fendre et casser.
Il peut y avoir plusieurs centaines de feuilles sur le même support, toutes font partie de mon récit, même si à force de superpositions quelques unes finissent pratiquement par disparaître. C’est volontaire, elles participent à la notion de profondeur, de mouvement et dévoilent toujours un petit peu d’elles mêmes dans une recherche d’équilibre.
Je joue avec le visible et l’invisible, avec ce qui existe et que personne ne voit. Comme on accumule de l’expérience, comme on construit et déconstruit sa vie.
Je plante des éclats de lumière, des zones d’ombres et des petits morceaux de matière qui s’accumulent .
Ces empilements comme autant de couches géologiques, symbolisent peut être la patience et le temps qui nous est offert pour accomplir notre voyage intérieur, surmonter nos doutes et nos épreuves.
Agora : Y a t’il une histoire ou un évènement personnel, un détail qui te paraît important et qui nous permettrait de mieux te connaître ?
Sylvie : J’essaye de vivre et de travailler au rythme tropical partout où je me trouve, loin du stress qui anime la plupart les gens que j’observe depuis mon arrivée en Europe. Et ce n’est pas toujours évident !
Quelques soient les enjeux, je préfère privilégier l’instant présent plutôt que la profusion, la précipitation et la production.
Cela me vaut régulièrement des critiques dont je m’accommode, même si cela provoque parfois des situations en porte à faux avec l’extérieur.
Je n’ai pas écrit d’ouvrage savants, ne sais pas élaboré de fines critiques étayées de références philosophiques ou historiques, j’aime la discrétion, les relations simples et privilégiées, l’amitié, les moments de partage autant que la solitude. C’est une démarche indissociable de mon rapport au monde.
La création de mes tableaux est une déambulation minutieuse qui m’invite à rompre avec les évidences et éviter la facilité.
Ils sont des auto-portraits, le seul langage que je connaisse pour adoucir mes peines et éveiller mes sens.
Chaque phrase de ce texte est sincère et tente de donner du sens à l’ensemble de mon travail. Mais comment des mots si aléatoires peuvent-ils transcrire les émotions ? Et pourquoi voudrais-je les figer dans une interprétation subjective alors que nous sommes sans cesse en mouvement ?
Il me semble qu’au moment où j’écris ces lignes, ce que j’aurai oublié aura de l’importance :
Mon voyage en Asie et la magnifique bienveillance de ses habitants,
les splendeurs des tissus de soie fabriqués dans les campagnes du Laos et du nord de la Thaïlande,
les colibris qui traversent mon carbet dans le petit matin quand la brume monte lentement du fleuve,
les milliers de lucioles qui dansent à la tombée du jour tandis que les petits singes Tamarins s’envolent dans les arbres,
et tant d’autres choses…
Mais avant tout, l’existence de mes fils, leur présence ainsi que celle de leurs enfants dans ma vie. . .
Merci !